Je suis là, sur mon lit
Et je revois chaque chose
Je touche du souvenir chaque détails
Et mon regard circule,
S'attardant sur chacun juste un instant suspendu,
Soutenu par son fil de chagrin.
Chaque détail.
La maison, l'escalier
Ta porte entr'ouverte.
Le couloir, les chaussures
Le salon,
Les rayures sur la nappe rouge,
La tranche de bois
Les verres posés, à moitié pleins
Les divans, ta tête sur ma poitrine,
Le tapis d'où tu me regardes encore
Assise dans ton silence.
Les disques, le cd qui tourne en boucle,
Rayé.
Le bureau.
Et puis le lit,
Sombre blessure de nostalgie et de désir,
Brûlant dans toute mon âme
Jusqu'à l'impuissance du corps.
La trahison du corps
Par l'âme exaltée.
Ce lit, sombre blessure de nostalgie
Et d'envie abrégée
Avant la naissance.
Le lit et sa couette,
Déchirure en mon âme
De ne pas être encore dessous
Et de ne t'avoir pas donné
Ce que j'aurais pu
Si j'avais eu la chance
Si j'avais eu le temps.
La salle de bain
Et la baignoire aussi et toi dedans
Un dernier matin de départ
Planté dans mon dos
Comme un poignard immonde,
Empoisonné.
L'histoire du baiser
Sous un pied qui était le mien
Mais que tu m'as donné pour rien
Et laissé pour rien
Abandonné pour rien.
Le papier caché sous les serviettes,
Ta brosse à dent sans ses dents,
Mille détails
Et puis Toi!
Toi au milieu de tout ce monde
Comme un fantôme
Toi qui imprègne toutes ces choses
Toi qu'on n'atteint jamais plus
Parce qu'il est dans un autre monde,
Désormais.
Et Brel qui hurle
Brel qui hurle Orly,
Depuis des jours
Dans ma tête.
Des détails venimeux,
Comme le peut être
Un détail…
Chacun d'entre eux,
Chacun de ces infimes riens
Me manque
Je les aime et les chéris
Parce qu'ils étaient toi,
Ils sont toujours toi
Quelque part
Et le seront bientôt,
Pour un Autre.
Mais leur existence même,
Evanescente pour moi,
Réduite au souvenir du cœur,
Me laisse aux tripes,
A chaque instant,
La puanteur de la Mort

Dédié à O.