J'ai le cœur sur les lèvres, pour toi mon amour.
Crois-tu que les mots naissent spontanément?
Et qu'ils aient une vie propre?
Je dois te dire : ce n'est pas vrai!
Ils naissent des arbres,
Oui! Ecoute…
Au bord d'une douce rivière, infime et limpide,
Il est un arbre presqu'endormi.
Penché sur l'onde, tout en feuilles pastel liquides.
Le temps semble s'être arrêté pour lui,
Quelque part sur l'automne proche.
Son aspect est celui d'un saule, un saule pleureur.
Il ne pleure pas parce qu'il est triste,
Il ne pleure pas du tout d'ailleurs,
Il contemple la petite rivière qui l'abreuve,
Fort reconnaissant en vérité.
Certains affirment bien qu'il pleure...
Mais ils se trompent,
Ils ne connaissent rien de la vie des arbres.
Non, il somnole doucement sur l'eau fraîche.
Mais soudain,  à peine perceptible,
Aussi ténu qu’un mirage
Un doux frémissement se fait en lui,
Dans son corps et parmi ses feuilles,
Et d’entre elles une foule de papillons fleurissent.
Leur naissance est singulière
Bien qu’ils soient nombreux :
D’abords boutons spiralés de lumière
Puis bientôt fleurs roses et parfumées
Aux pétales étalés,
Simples corolles églantines.
Bientôt le frémissement se fait agitation
Et l’églantine déploie ses ailes
Et s’envole sur la brise.
Les mots…
Ce sont elles, ces fleurs papillons
Nées de l’arbre!
Mais ce saule aux fleurs églantine,
D’où vient-il ?
De toi!
Tu en as planté la graine,
Profondément, en moi
Et ton essence l’abreuve,
A chaque heure du monde.

Dédié à O.